samedi 17 novembre 2007

Petit prologue


Il y a bien longtemps, dans un monde préservé, vivait une fée. Elle était comme il se doit d’une beauté intemporelle, si parfaite qu’elle semblait irréelle.
Diaphane, bonne, spirituelle, belle. De longs cheveux blancs ondulant sous le souffle divin, vêtue d’une fine robe de lune éphémère. Elle semblait voler tant ses pieds légers effleuraient à peine le sol. Elle avait d’immenses yeux émeraudes, sertis de cils infinis, qui parfois se noyaient de larmes, quand elle sentait ou pressentait la venue d’un malheur.
Elle avait reçu à sa naissance parmi tant d’autres, le don de voyance, et par la suite, il lui arriva de le regretter, car il devint un fardeau lourd à porter.
Mais, étant fée, il n’était pas de mise de se lamenter sur son sort, qui par bien des aspects était, reconnaissait-elle, fort enviable.
Elle s’ennuyait un peu dans son univers merveilleux, où rien ne se passait.
Seul, l’écho du malheur des êtres humains lui parvenait, et elle sentait confusément, qu’elle aurait peut-être aimé aller les aider.
Mais il n’était pas convenable qu’une fée se « mélasse » à la populace.
Toutefois cette idée de plus en plus prenait sa place. Elle y songeait et son esprit s’en trouvait diverti. Toutes ses années étaient comme elle de bonne et belle compagnie. Musiciennes accomplies, elles passaient ainsi leur vie, accompagnées du son des harpes.
Entourées de magie, elles vivaient heureuses, sereines, et s’étonnaient de constater que l’une d’entre elles s’interrogeait sur le sens de sa vie.
Comme tout était prétexte à la gaîté et à la fête, elles dissertèrent longuement sur ce thème et aucune d’elles ne voyait l’intérêt qu’il y aurait à s’intéresser peu ou prou au destin de ces agités.
Chacun dans son monde et tout est bien pensaient-elles. Elles étaient de haute lignée, purs esprits, et si de tout à autre au cours des siècles, il s’était trouvé une fée ou deux pour exaucer les vœux des humains, il s’agissait bien là d’originales.
Cependant, elles durent se rendre à l’évidence : l’une d’entre elles présentait les signes flagrants de cette malheureuse déviance.
Tous les arguments qu’elles lui présentèrent furent rejetés, la fée était déterminée à découvrir le monde humain. Elle déciderait ensuite d’intervenir ou non dans la destinée de ses marauds.
Puisque rien ne pouvait la faire revenir sur son projet, il fût décidé qu’elle resterait sur terre une année, période pendant laquelle elle pourrait observer le comportement des humains.
Ne pouvant apparaître sous son aspect originel, il lui fallait modifier son apparence et la convertir au siècle, à la mode du pays qu’elle choisirait d’explorer. Le temps est un concept qui n’a pas cours au pays des fées. Passé, présent, avenir n’avaient pas de secret pour elles.
Pour commencer, il lui faudrait une identité. Fée était un joli nom qui lui convenait à ravir. Mais dans le monde à visiter, il serait utile de disposer d’un nom plus commun. Elle prit la décision de partir et de choisir sur place. Elle n’avait rien à prendre, elle possédait tout en elle-même.
Elle leur dit au revoir et s’en fut à l’aventure.

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