jeudi 15 novembre 2007

J'aime André Maurois, Climats

La presse a dit de cette oeuvre " Ce n'est pas un de ces livres qui passent".

Climats d'André Maurois est en effet un livre sublime, une analyse aigüe du coeur humain. Il dissèque la psychologie amoureuse sous forme de dyptique. La première partie narrée par un homme expose les tenants et les aboutissants de la déchéance de son couple. Progressivement la femme qu'il aime lui échappe...Dans la seconde partie, c'est le point de vue féminin sur la situation inverse qui est alors abordé. Mais tout ici est étroitement lié. C'est une brillante leçon de vie que nous offre ce virtuose sentimental, au style fluide et passionné. Un de mes romans préférés.



Un extrait de la première partie Odile:

"Qui donc a dit, qu'entre homme et femme, c'est souvent une phrase naïve et presque sotte, dite par la femme, qui donne à l'homme l'invincible envie de baiser cette bouche enfantine, tandis que pour la femme souvent c'est au moment où l'homme est le plus grave et le plus durement logique qu'elle l'aime, elle, le plus fort ? Peut-être était-ce vrai d 'Odile et de moi même. En tout cas je sais que lorsqu'elle murmurait d'un ton suppliant "Arrêtons-nous" en passant devant quelque boutique de fausse bijouterie, je ne critiquais pas, je ne regrettais pas, je pensais seulement : "Comme je l'aime", et j'entendais avec une force croissante, ce thème du Chevalier protecteur, du dévouement jusqu'à la mort qui avait accompagné pour moi depuis l'enfance l'idée de l'amour véritable. Ce thème, tout en moi le reprenait alors. Comme dans un orchestre une flûte isolée, esquissant une courte phrase, semble éveiller de proche en proche les violons, puis les violoncelles, puis les cuivres jusqu'à ce qu'une énorme vague rythmée vienne déferler sur la salle, ainsi la fleur cueillie, le parfum des glycines, les églises blanches et noires, Botticelli et Michel-Ange, se joignaient tour à tour au choeur formidable qui disait le bonheur d'aimer Odile et de protéger, contre un invisible ennemi, sa parfaite et fragile beauté."

Quelques citations:

En avant-propos, une citation du philosophe Alain est mise en exergue pour introduire le roman.

" Toujours nous voulons chercher l'éternel ailleurs qu'ici; toujours nous tournons le regard de l'esprit vers autre chose que la présente situation et la présente apparence; ou bien nous attendons de mourir comme si tout instant n'était pas mourir et revivre. A chaque instant une vie neuve nous est offerte. Aujourd'hui, maintenant, tout de suite, c'est notre seule prise."

"J'ai été trop tendre et peut-être eussiez vous pu craindre en m'épousant que ma conduite devint trop légère"

"Le bonheur n’est jamais immobile ; le bonheur c’est le répit dans l’inquiétude."

«L'opportunisme du coeur est la seule sagesse sentimentale.»

«Nos destinées et nos volontés jouent presque toujours à contretemps.»

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Jamais je ne lirai un livre qui me procurera autant d'émotions.. Je crois avoir été longtemps Philippe au féminin..

"retrouver chez d'autres un peu de toi..."