samedi 17 novembre 2007

Sans voi(e)x

Ils me tournent le dos. J'écoute leur conversation, je les entends rire. Ils ont l'air heureux. Les voix me paraissent familières. Mais je ne peux pas voir leurs visages. Je ne suis pas sûre. J'aimerais me joindre à eux, parler de choses et d'autres, parler pour rire. C'est tellement ennuyeux les gens sérieux. Mais je prends conscience que mes lèvres sont scellées. Mes cordes vocales sont liées, on les a nouées de force. Je vois les personnes qui s'éloignent. Je ne veux pas qu'elles me laissent seule. J'essaye tant bien que mal de les détacher, je m'acharne sur le cadenas qui les séquestre. Je n'ai pas la clef mais je force la serrure. Quelques unes cèdent, je suis presque aphone. J'ai peur, je les vois qui s'éloignent encore. Quelques unes sont intactes, je tente de rassembler les autres. Une grande inspiration, mon ventre qui se gonfle et j'arrache un son, un mot, une petite phrase. Malheureusement, le bruit est trop faible. Elles ne m'entendent pas et elles s'éloignent toujours. Je deviens fébrile. J'ai peur. Je voudrais crier qu'elles se retournent. Je voudrais qu'elles reviennent sur leur pas. Alors à bout de souffle, je cours pour les rejoindre. Mais il est déjà trop tard et elles ont disparu. Je ne sais plus où je suis, j'ai perdu ma voie. Je crois maintenant me souvenir de leurs visages. Ce sont ceux des gens que j'aime.

£t ils n'ont pas pu voir le mien qui pleure.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vraiment émouvant cet article. des frisson sur le corps de tigrou. tu es vraiment une poète. une personne qui mérite plus que tout le bonheur et la réussite. je ne le dis pas souvent mais tu es une personne vraiment unique et je t'apprécie énormément.gros bisous ma jumelle