samedi 17 novembre 2007

Hors-scène

J'ai mis du vernis rouge sur mes ongles. J'avais envie de me déguiser en femme. Est-ce qu'il s'en ait aperçu ? J'ai marché tout droit sur une ligne imaginaire comme font les mannequins sur les podiums de mode. Un pied devant l'autre, croisé, décroisé. Sur mes talons hauts, je me sentais grande.
J'ai acheté la veste qui convient. Et je me suis taillée un joli costume. Très vite, je me suis sentie étriquée dans mon rôle. Je respirais mal. Alors j'ai bu un peu d'alcool dont je déteste le goût. Dans une flûte pour lui jouer du pipo. Et lui, il a bu mes paroles. On a joué la scène comme toujours, avec les mêmes décors et les mêmes dialogues. Ces mêmes gestes. Et dans les didascalies, à un moment donné, on a pu lire:
Il l'embrasse. Elle frissonne.
De peur qu'on la découvre ?


Levé de rideau. Je suis rentrée chez moi. Je me regarde dans la glace. Mon mascara a coulé. Il était temps. J'enlève les résidus de mon maquillage et je sens ma peau qui respire à nouveau. Je me mets à nu. Je laisse glisser mes vêtements à terre et je me fais couler un bain. Mais je mets pas la tête sous l'eau. Ca me rappelle mes leçons de natation, quand j'avais 5 ans et que je m'agrippais au bord de la piscine et que mon maître-nageur me disait: "_ Allez garde la tête sous l'eau... encore, encore, encore".
Il voulait m'apprendre à respirer. Avoir du souffle. C'est la même impression dans ma salle de bain, ce soir. J'ai l'impression d'émerger. D'être en apnée tout le reste du temps. Je lui dis que j'aime le café et les tartines le matin. Et le bon vin. Que la fumée de sa clope me dérange pas. Que je dors toute nue avec une goutte de sommeil. Je lui dis, mon chéri, ça ne fait rien. Et il me croit. Et je me demande comment il peut avaler ça. Je préférerais un énorme bol de céréales chocolatées. Un bon diabolo fraise. Des cigarettes en chocolat. Ce soir, j'irai me coucher avec des chaussettes parce que j'ai froid aux pieds, avec mon pyjama dépareillé et mes cheveux à peine secs. Et si, mon chéri, c'est grave. Parce que je sais qu'il n'y a plus personne pour me border, pour me lire des poèmes ou me chanter une berceuse. Juste moi pour me raconter des histoires. Et me jouer la comédie. Encore, encore, encore.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'adore les socks to sleep, aussi