samedi 1 mars 2008

De la littérature sexualisée

Regardez-la, elle meurt.

Il l'aime à s'en bouillir le sang. Comme un chat écorché, des traces félines dans le dos. Et sa peau sous ses doigts. Il la mord, elle le griffe. A pleine bouche, rouge aux ongles. Deux corps grenats l'un contre l'autre; l'étreinte se resserre. Quelques lambeaux de tissus jonchent le sol, déchiquetés, décharnés, écartelés aux quatre coins de la pièce-Les vêtements mutilés des deux amants- La nuit aiguise ses incisives, la nuit les vampirise. Elle diffuse dans leurs veines quelques gouttes de Rabelais. "Sucer la substantifique moelle", happer son âme et l'avoir dans la peau. L'essentiel, c'est de suer sang et eau. Alors, la chambre, fournaise, étuve, s'empourpre de l'odeur capiteuse des vapeurs amoureuses. Ce ne sont plus que des animaux, enfiévrés, enragés, avides de chair fraîche, qui dépècent la vie à vif, et la dévorent toute crue. Saignante, cinglante. Jusqu'à la satiété. Rassasiés, encore haletants, les noctules restent ainsi plantés là. Comme un pieu dans le coeur. £t la petite mort, douce et lascive, se propage dans leur tombeau charnel. Ils savent que les rayons du jour consumeront bientôt leur désir et que les cendres licencieuses viendront empoussiérer, peu à peu, leur amour concupiscent.

Regardez là, dans ses bras !
Elle est morte...



(NB: L’orgasme est appelé « petite mort ». C’est l’écrivain Georges Bataille qui invente ce terme dans son roman “Madame Edwarda”. Cette analogie peut être expliquée par le fait que l’orgasme est une suspension provisoire du manque et du désir, comme la mort qui abolit toutes les tensions de la vie.)

2 commentaires:

Olivagogo a dit…

hum ca m'emoustille!

khâryatide a dit…

Ce n'est même plus de la plume maniérée. Un texte écrit à pleines mains et qui se lit à bras le corps. Époustouflant (essoufflant ?)

Petite mort... connaissez-vous le ballet de Kylian qui porte ce nom ? De la danse sensualisée, quand bien même ce mot n'existerait pas.