lundi 17 mars 2008

Météo sentimentale

J'avais de la pluie dans les yeux. C'était comme la saison des moussons en Inde. En plus froid. Comme une fâcheuse tendance à ressembler aux chutes du Niagara.
Vous voyez, ces porteurs d'eau, autrefois. Moi aussi, je traînais mes seaux. Je les portais un peu partout de peur d'inonder les gens.
C'est eux. C'est lui, là. Ou c'est juste moi peut-être.
Je m'étais enlevé le soleil. Il me gênait, il me grillait les yeux. J'ai eu peur de me laisser trop longtemps sur le feu et de me réveiller un matin, le coeur calciné. Satané soleil qui asséchait mes nappes phréatiques. Et mon chagrin qui s'évaporait ! Je n'avais pas envie de bronzer et de reprendre des couleurs. Mes teintes à moi, c'était le blanc, le noir et l'entre-deux. J'ai toujours eu du mal avec la lumière. Je crois que je suis simplement photosensible. C'est vrai, toutes ces photographies trop exposées, du temps heureux, à deux, ces images de bonheur qui vous brûlent la peau et les yeux, c'est douloureux. C'est des souvenirs qui finiront par vous éclabousser. Une source de malheur. Du papier glacé. Une photographie, si on y réfléchit, c'est beau et triste à la fois. C'est le serment solennel d'une vie perdue. D'une lueur perdue.
J'ai préféré l'éteindre toute seule, moi, le soleil. Je n'ai pas voulu attendre que le temps passe. Il me restait suffisamment de réserves en eau souterraine. Alors je l'ai noyé, je l'ai assassiné, je l'ai enterré. Sous la tonne de boue et de gravats. Je lui ai dit adieu au beau temps et à ce maudit bonheur. Quelques gouttes dans les yeux et les iris en nuage.

J'en ai passé des après-midi à éponger. J'ai étanché l'eau sale et fait le ménage dans mes prunelles. Elles étaient pas prêtes, avant. Il y avait trop de choses qui les obstruaient. Mais maintenant, elles sont toutes propres, toutes neuves, toutes belles. Elles vont pouvoir briller sans peine. Comme deux soleils...

2 commentaires:

Olivagogo a dit…

Pour moi tu es une petite fleur qui tarde a s'ouvrir ma petite melanie, une orchidée désabusée, une rose amoureuse...
Tu me connais, biologiste avant tout, je ne t'apprendrais pas qu'une fleur a besoin de soleil pour fonctionner, une fleur a besoin d'eau pour se désaltérer, une fleur a besoin de mineraux pour se nourrir... Mais tout comme toi elle a besoin d'amour pour grandir, d'attention et de tendresse.
J'espere sincerement que tu trouveras un beau jardinier qui saura cultiver ton jardin secret.
Oliv

Anonyme a dit…

Quelle plus belle chose, que les yeux emplis d’amour d’une femme
Son regard brillant vous transperce jusqu’au fin fond de l’âme
Après de tendres moments, j’y ai même vu poindre des larmes
Belles, vous êtes après ces douces étreintes, pleines de charme,
Que de beauté, votre corps ainsi que votre cœur, émanent
L’amour c’est se donner corps et âme, jusqu'à rendre les armes
L’homme en général occulte l’avant et l’après, c’est la le drame,
Ce sont pourtant ces instants les plus intenses qui vous désarment.

etrangemessager