vendredi 28 mars 2008

L'amour des noeuds

£t alanguis, nous restions sur ce lit, emmitouflés dans la voix de Damien Rice. Etendus, immobiles, lovés l'un contre l'autre. Mes cheveux rayonnant sur ton épaule comme les chutes d'or d'Islande. Ton coeur chuchotait quelques battements au creux de mon oreille et ma main, fixée à ta poitrine, diagramme de ton affection, éprouvait doucement ta respiration. Je t'aimais dans un murmure, dans un souffle, dans une expiration. Ton menton, tes lèvres, piquaient délicatement mon front et sondaient mes pensées pour me soustraire le faix de la parole. Et peu à peu, je voyais le paysage changer. Les murs de la chambre s'abaissaient comme les vitres teintées d'une voiture s'ouvrent sur le monde, et le plafond, en apesanteur, se désagrégeait dans l'atmosphère. Te souviens-tu comme on voyageait alors ? Notre matelas, souvent, se posait sur une plage, et nous nous blottissions dans le vent iodé de Bretagne, les vagues et leurs écumes, les rochers et les coquillages, c'était la toile de fond qui nous enveloppait, notre couverture soyeuse. Et puis soudain, on était dans une barque, au milieu d'un lac, à demi allongés sous le ciel, des cygnes et le bruissement des saules pleureurs, heureux. Ou assis au bord de cette falaise, tes bras autour de moi, devant un crépuscule d'avril. Ou une kyrielle d'autres tableaux aux touches romantiques que je pourrais dépeindre. Oui, nous traversions les horizons ensemble, t'en souviens-tu ? Notre lit était semblable au bateau dont je rêve; il voguait aux quatre coins du globe, sur les eaux sereines du bonheur. Mais à ton air, je vois bien que tu ne t'en souviens pas. Toutes ces beautés pittoresques que tu n'as pas pu voir. Toutes ces pensées que je ne t'ai pas confiées. J'étais seule à son bord. Seule sur le pont à regarder l'aurore d'un rêve. Je flottais sur un songe...
J'avais fait de nous un noeud; un noeud si parfaitement arrimé, enlacé, entortillé; un noeud torsadé de jeans, de jambes, de pieds; nos jeans, nos jambes, nos pieds; et je nous avais liés jusqu'à en oublier que j'avais eu un jour un corps. Un corps à moi, qui m'appartient, une corde pouvant s'amarrer n'importe où dans le monde. J'aurais bien pu me pendre avec, à défaut d'être pendu à ton cou. Mais j'ai préféré renouer avec la réalité. Tout le monde se perd un jour, non ? Alors, seule, avec ma corde, j'ai continué mon voyage, et je me suis attachée à accrocher mon âme, n'importe où, là où j'ai pied, là où je peux marcher et avancer, c'est ça l'important, et quand j'aurais parcouru toutes les mers et tous les océans, toutes les terres de tous les continents, j'aurais enfin trouvé le point d'ancrage qui manque à ma vie.

2 commentaires:

Olivagogo a dit…

magnifique cette musique...enivrant, me transportant parmis les nuages.
Un jour la brise me portera jusqu'a ta proue, si je ne t'emmenerais pas jusqu'en atlantide, j'espere sincerement t'aider a border tes voiles et larguer les amarres, virer a babord cap vers l'ile de la sérénité, paradis des aventuriers solitaires, des amoureux...Et la si le vent le permet peut etre je te laisserai, virant a tribord, te laissant accostee par un damné pirate, mais qui sait, seul Eol connait notre cap, notre direction, notre chemin...
Continue a rever melanie, ce n'est pas un péché...

Anonyme a dit…

coucou c'est ellememe du forum =) Pour l'instant JADORE ahaha