mardi 17 avril 2012

Le cri

Je marche seule, à l'heure où l'asphalte se confond avec le soir. Mon pas est rapide et nerveux. Je ne sais pas où je vais, ni même où je m'arrêterai, mais je marche, je cours même, presque.

Je fuis.

Il y a ce visage blafard qui me fixe à travers les sillons noirs de la nuit, ses yeux luisent et sa silhouette grandissante s'élève sur moi, comme un titan de ténèbres. Je me suis retournée et je l'ai vu. Je me suis encore retournée, et il était encore là. Alors, j'ai marché, j'ai couru et je cours toujours. Je suis pieds nus pourtant, et le sang afflue sous moi. Je peux sentir des hématomes et des éraflures sur tout mon corps. Parfois même, le bitume me prend. Mes chevilles se tordent sur le gravier de la route. Et je m'effondre. Je me relève. Mais il est là. Plus près encore. Il surplombe mon être de son regard livide.

Le voyez-vous vous aussi ? Le voyez-vous, vous aussi, le visage hurlant de la lune ? C'est Munch qui répand son cri à travers l'univers. Il hurle. Il hurle d'un cri infini :

« Papa est malade ».