samedi 2 août 2008

-Tome II-

J'écris la fin avant le début.
Une fin un peu fleur bleue. Où les fleurs auraient laissé place à la peur, où il y aurait eu plus de peur que de bleus. Plus de pleurs que de mal.
J'écris une fin à l'eau de rose, sans couleur ni épines. Qui aura seulement le parfum mièvre des nuits. Tu le sais, j'ai toujours vu la vie en prose.
Une fin en demi-teinte, ni triste, ni gaie. Entre le rose et le bleu. Entre la petite fille et le petit garçon. Pour les enfants qu'ils ont été. Et pour ceux qu'ils n'auront pas ensemble. Je deviens le conteur d'une aventure sans envergure. Un conte de faits, ni plus ni moins. Ni moins que rien.
Oui, c’est fini. Le héros n’existe plus. A-t-il d’ailleurs été un jour ?
J’ai eu l’envie soudaine de le faire mourir. Sa belle en a été très affligée, elle ne souriait plus qu’à la mort. Les mois ont passé, nombreux et douloureux, elle a vieilli, elle a grandi. Elle n’est plus la belle du héros aujourd‘hui. Elle est plus que ça. Désormais, elle est le héros.
Je lui ai donné un rôle de choix, une oeuvre à son nom et non à celui des autres. Elle méritait un titre, c’était le moindre des égards que je pouvais lui faire. J’ai cherché des protagonistes différents pour l’entourer au mieux. Ils correspondent tous à la même description: des visages avenants, des mains tendues, des bras ouverts. £t parmi eux, j‘ai trouvé quelqu‘un pour elle, tel un futur potentiel. Oui, mon héroïne, je le sens, a de l‘avenir. Et je ne sais plus si je parle de moi ou si je parle d’elle. Ou si elle et moi sont la même. Mais ce que je sais, c’est que ce n’est qu’en étant heureuse, qu’on attire irrésistiblement le bonheur. Et qu’on se remet à écrire... à écrire, à écrire.
La vérité, c'est que l'amour est une co-écriture. Il y a deux auteurs qui décident de leurs personnages, d'une intrigue, des grandes lignes de leur vie. D'un grand roman ou d'un simple essai.
Un des auteurs se décourage, et c'est la fin. Leur page presque blanche ou griffonnée, ne restera qu'un brouillon, une feuille volante dans l'air du temps. Ils se diront que leur plume n'a pas été assez légère et que leur histoire était sans doute trop terre à terre. Et dès lors, chacun se mettra à son propre conte. £n quête du personnage principal. £n quête de l'essentiel. Mais un sentiment pourtant restera comme l'apanage de l'écrivain. Car ils se demanderont toujours, si d'entre tous les écrits inachevés, abandonnés, ou raturés, s'il n'y aurait pas eu celui qui aurait fait d‘eux, à tout jamais, un auteur à succès.


-Fin-

-Prologue-

"...et c'est ainsi que chaque fin est un commencement."
J‘ai fermé le livre. Regarder autour. Le monde était plus beau soudain. J’étais prête à démarrer un autre tome. La couverture me plaisait bien et j’aimais déjà ces pages encore immaculées. J’ai écrit quelques phrases, j’ai fait mes premiers mots. J’ai balbutié un chapitre nouveau. £t peut-être au fond que c’était juste le début de la fin.


£t peut-être pas.

à suivre...