lundi 14 juillet 2008

Souvenirs...


Devant moi, une étendue sans relief. Les terres sont mortes, figées sous un soleil de lave, et les paysages gisent sur des kilomètres, désossés par la misère ambiante. Seuls restent le squelette des cactus et la poussière du sable. J'ai un goût aride dans la bouche. Les yeux desséchés et la peau rêche. Tout est sec, même mes larmes. Je regarde encore. Des puits taris sans pièces ni espoirs. Il n'y a là que les seaux vides et râpeux, encore pendus à leur corde. A coté, quelques carcasses d'habitats, des armatures en briques, des charpentes friables, inachevées. Quelques vies abandonnées. Et moi... Comme un cimetière sur le bord d'un chemin. Il y a des coins comme ça, où Dieu semble avoir déserté le monde et les hommes. Au loin, un animal, émacié, écorché, a le regard implorant des mendiants crevant de faim sous la chaleur de l'orient. Et je ne peux m'empêcher de penser que certains moments de notre existence méritent qu'on perde la vue, ou le coeur, peut-être.
L'air est salé. Il paraît que le sol où je marche était un lac, avant. J'avance vers les ruines d'un fort. J'entre dans son ombre, et décide de gravir ces pierres d'une autre époque, éboulées sous le passage du temps. Sur un des murs, une inscription en anglais: Save this monument. J'ai comme un demi-sourire, celui des personnes qui ont de la peine, convaincue qu' il disparaîtra quelques décennies plus tard. Mais alors que tout en moi désespère, Dieu ressuscite soudain. En haut, je domine l'horizon et me retrouve face à face avec la vie. Une rafale de vent, et la beauté surgit, plus belle que jamais, dans des rayons crépusculaires, elle sillonne la mer de sa lumière et éblouit et scintille. Je respire calmement, apaisée et sereine. Cet endroit, je le sais, je l'emporterai avec moi, dans mon regard, dans mes gestes, dans mes mots, sa tristesse, sa richesse, me ressembleront et me ressemblent déjà plus que je ne le crois.

dimanche 13 juillet 2008

"£t nos visages gris
Quand le matin nous prend
£n flagrant délit
De perte de temps
£t nos regards hagards
Lorsque la nuit s'endort
£t que le jour nous donne
Tous les torts... "


Rose - Je m'ennuie-

Don't you cry tonight...

Je regarde autour de moi, le ciel est bleu et ses rayons baignent de lumière les épitaphes. J'ai une rose rouge dans la main. Je la laisse tomber sur ton cercueil. Et je m'éloigne doucement.
Des cris hors des murs gris. Ceux des enfants du quartier. Des gens, aux fenêtres des tours, ont étendu leur linge. La vie qui hurle, la vie qui s'exhibe. Je ne comprends pas. Le monde ne pleure pas avec nous.

Il se moque de ton sort. Il se fout de toi, de moi, des autres. Il a comme un rire indécent.
Je me sens nue soudain, dépouillée de ton corps. J'ai plus de pudeur, je retiens plus mes larmes, je retiens plus ma voix, je suis à genoux, à terre, aux pieds de la mort et de la douleur. Et lui, il rit. Son sourire jusqu'à mes oreilles. Je le hais. Je le hais d'être vivante. Et d'entendre les gens, heureux ou malheureux. Brailler, vociférer. Devant ta tombe, je me suis arrêtée. Je me suis figée. Je me suis statufiée. Je me suis faite en pierre pour ne plus qu'on m'approche. J'ai scellé mes lèvres et enterré les voyelles et les consonnes. Les mots, les phrases et les discours. Cloîtrée dans le silence, j'ai emmuré ton nom. Et, sur ma sculpture, j'ai crispé un sourire. Celui que tu aimais. J'ai cristallisé une apparence. Souvent, on la regarde et on ne contemple que la surface lisse et polie. Ca évite les questions. Aucun d'eux ne voit la rose que je serre encore entre mes doigts. Mes mains pleines d'épines, et mon sang qui perle toujours sur ton souvenir.